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Philippe Daney et Michel Verjux au Musée Richard Anacréon

 

Et quelle est la prochaine exposition ?" Cette question rituelle dans la bouche des visiteurs se fait de plus en plus fréquente à mesure que l'on se rapproche de la fin d'une exposition. Peinture ? Sculpture ? Installation ? Plutôt figuratif ? Conceptuel ?... Comme il serait rassurant pour le visiteur et confortable pour moi de lancer un nom, un "genre", d'enfermer dans une case et de mettre une étiquette. Impossible cette fois, avec Michel Verjux et Philippe Daney, de se défiler. "Deux artistes, donc deux expositions dans le musée ?". Non, justement, deux artistes, une seule exposition. Mais visible en deux lieux, à la Granville Gallery, initiateur du projet, où seront exposées des pièces nouvelles et au Musée d'art moderne Richard Anacréon où l'exposition présentera des oeuvres plus anciennes des deux créateurs. L'un, Michel Verjux, est artiste : il conçoit et crée ses oeuvres en rapport avec l'espace réel. Quant à Philippe Daney, il est designer, il dessine des objets en somme, et il les fait fabriquer. Enfin, c'est ce qu'il a fait principalement jusqu'à présent. Encore que. Architecte de formation, il est aussi scénographe et fait de la mise en lumière. Les choses se compliquent. Et il se demande aujourd'hui s'il ne fait pas aussi des objets sans vocation utilitaire, s'il n'intervient pas dans un champ qui n'était pas le sien jusque là, mais plutôt celui de Michel Verjux. Un premier point de convergence entre les deux créateurs. Michel Verjux travaille aujourd'hui avec la lumière mais il préfère parler "d'éclairages". Son pinceau à lui, ce sont des projecteurs qu'il installe dans des architectures ou dans le paysage. La lumière, deuxième point de convergence, et l'un des fils conducteurs de cette exposition à quatre mains. À la juxtaposition de leurs oeuvres, ils préfèreront instaurer un dialogue entre elles. Poussons cette logique jusqu'au bout. J'encourage Philippe Daney et Michel Verjux à investir l'ensemble des lieux et à intégrer collections permanentes du musée et bâtiment dans leur projet. Intégrer et non s'y confronter. Il me paraît soudain évident que cet échange entre leurs oeuvres et les collections doit concerner aussi les collections de bibliophilie. L'écrit, compagnon de la pensée, a tant à voir avec leur travail, il sous-tend et accompagne leur démarche artistique en permanence. Ce dialogue consistera à choisir, dans la réserve des livres, textes et auteurs qui les ont marqués, ont imprégné leur travail, les ont accompagnés. Un choix aussi dans leurs propres écrits sans qu'on les étiquette pour autant "écrivains" Ces écrits seront mis en regard de "nos" auteurs qui apparaîtront ainsi sous un jour nouveau, à la lumière du regard d'autres créateurs. Les choses sont-elles plus claires à présent ? Elles apparaîtront dans l'exposition, lumineuses.

 

- Brigitte Richard, Conservatrice du Musée d'art moderne Richard Anacréon

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